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  • Photo du rédacteurElisabeth

Être


À croire que les hommes aiment se compliquer la vie !


Du point de vue d'un Européen, d'un Asiatique, d'un Océanien, vivre dans le désert relève d'un niveau élevé de masochisme. D'un raffinement dans l'amour de la difficulté. Car quoi ? Choisir de rester dans un environnement qui impose sans répit une logique de résistance n'est-il pas une marque évidente de perversité ?

As-tu essayé de garder des jours pleins un chèche ? Pas un masque qui cache le museau ! Le tagelmust mesure deux fois ta hauteur et si tu veux te protéger efficacement tu dois laisser la fente la plus petite possible pour tes yeux. Il s'agit de ruser avec les blessures du soleil. Qui brûle. Qui tue à petit feu. Partout autour de toi. Tu te transformes en cosmonaute, avec un bonus « transpire et n'a pas la possibilité de se laver. » Même un adolescent donnerait sa mère au bout de quelques jours pour une douche. Tu imaginais ressembler à un de ces majestueux hommes bleus et tu t'es transformé.e en Center Parc pour mouches.

Cela.

Le reste également : savoir se repérer, préparer sa nourriture, trouver de l'eau. Boire l'eau que tu trouves (marron, et Dieu sait que tu as soif). Dormir dans le froid, à même la roche s'il y en a une. Je t'épargne la description des nids de fourmis dont la taille est extraordinaire, des araignées, des scorpions, des vipères qui tracent des cercles dans le sable: un chameau y passe en deux-deux, alors toi, n'y pense même pas.

Pourquoi vivre dans un milieu nécessitant autant de précautions ? Pourquoi payer un billet d'avion pour aller s'y perdre ?

Naturellement, il y a la Liberté libre et la qualité du silence.


La marche : le targui n'a pas attendu les neurosciences pour savoir qu'il s'agit d'oxygéner des parties grisantes du cerveau. Il a prévu des haltes tous les 30 km, tranquillement, pendant qu'en Occident on essayait de prouver le truc.


Il y a aussi quelque chose qui te raccroche aux étoiles. C'est à ce moment de mon texte que le lecteur océanien hoche de la tête : les étoiles, ben oui. Les vraies, sans la pollution de la lumière des hommes, c'est juste ouf, c'est « take a walk on the wild side », c'est plus beau que les mots, d'ailleurs je laisse tomber tout de suite, il n'y a rien à en dire, il y a juste à respirer.

Et encore: de jour, les paysages du désert sont d'une subtilité de nuances ! La planète a fait là dans l'industrie du luxe ; c'est l'aristocratie de la ligne d'horizon.


Surtout, il y a, à se trouver aussi démuni et immergé dans la beauté de notre planète, une émotion singulière.


Vois cela: une infinie facilité, alors que le niveau d'hostilité et de danger est si élevé, à se sentir Être.


Comme si

sous la contrainte

il y avait

très accessible

l'immensité du Soi.

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