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Photo du rédacteurElisabeth

Si j'étais une autrice

Dernière mise à jour : 3 mars




Si j’étais une autrice, une poète, une écrivaine. Si j’étais une artiste. J’aurais un lieu dédié, Comme le notaire a son bureau et l’oiseau a son nid. J’aurais un écritoire où les objets inspirants le disputent aux encres et aux papiers beige espérant la douceur de la plume. J’aurais des propos limpides rencontrant mes interlocuteurs, leur révélant à eux-mêmes la vérité des mots, des mots justes pour chacune, pour chacun, et je porterais des salopettes jaune safran qu’on me pardonnerait sans efforts parce que, comme tu le sais, les poètes… Je saurais voir sous le réel du verbe l’âme véritable de la langue, des langues, de toutes les langues et je me baladerais avec la lampe torche de mon smartphone à travers les chemins de Babel, une main dans la poche et le sourire en pointe. J’organiserais même des randonnées au pays du langage car il n’aurait pour moi aucun secret que je ne saurais porter à ta lumière.

Si j’étais une autrice, je partagerais aisément à qui le veut, au long de livres entiers, la beauté de sa nuque à lui, l’homme qui, parmi tout ce que l’existence nous offre, retient mon coeur et les marées de mon imaginaire. Je saurais dessiner la ride d’un sourire sous sa charmante moustache et ramener la joie dans son regard par la caresse d’un texte, par des poèmes cueillis à la rosée des buis.

Mes textes seraient écrits pour vivre mieux – des textes citronnades, des romans aussi doux qu’un voyage en pirogue ou plus violents que venin mais des textes qui, toujours, mettent des mots. Qui mettent des mots sur ce qui n’a encore pas pu se dire et que je saurais polir jusqu’à les rendre naturels, jusqu’à entrer dans la langue.

Si j’étais une autrice je vivrais pour cela seulement, ce serait plus important que ces enfants passés par moi et la parole seule me tiendrait, la parole seule serait ce qui me sauve de tout ce réel, ma science de la parole, mon habileté à porter jusqu’à toi, lectrice, lecteur, ce que tu veux lire de toi-même, serait consommée et vibrante, maîtrisée et vivante.



Me souhaites-tu cela ?

Pour ma part, je ne sais qu’une chose, mais elle est bien certaine :

j’écris.

Et puis parfois, aussi, je voyage à vélo.









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