Partout les hommes utilisent des méthodes d'enfermement pour protéger leur société: cloîtrer, emmurer, séquestrer, incarcérer, voire finalement bannir, sont des mots familiers autant que loin de nous qui ne sommes pas l'objet de ces emprisonnements. Pour avoir habité sur une île, j'ai cerné un temps le sens d'"être isolé", très loin des amis, très loin de tout continent, mais si ce mot résonne dans mon actualité, il était rempli de lumière, d'océan, d'amour et de rencontres. Être confiné c'est différent, naturellement : cela signifie être fixé dans un lieu, pour notre sécurité.
Oui !
Mais dans notre achitecture mentale, ces verbes sont tissés étroitement autour de ce que qu'évoque en nous la privation de liberté : danger, criminalité, violence, folie et tout ce qu'il faut contenir pour protéger autrui. Comme si finalement, étant séquestrés, internés, nous risquions de devenir ces figures de prisonniers qui sont communes à nos imaginaires : Hannibal Lecter ? Ou ces vieux pestiférés que j'ai vus, enfant, dans un film qui m'a longtemps fait peur autant que fascinée, suppliant pour qu'on vienne leur parler avant une mort prochaine. Michael Jackson l'avait dit : this is a thriller night. You're fighting for your life et c'est dans un parking souterrain qu'on va tous y passer.
Dans les faits, pourtant, nous jouons à domicile sans zombis menaçants, en solo, duo ou en orchestre de chambre tout en lançant au loin des rêves d'avenir.
Séparés des lendemains comme de notre plus cher trésor. C'est inhabituel. Vivre le présent nous rend si maladroits ! Des agneaux cherchant à tenir sur leurs pattes. Comment ne pas s'accrocher à une probabilité, à une semaine prochaine, quitte à esquisser seulement pour y revenir ensuite ! Tout sauf l'aujourd'hui seul. Nous mendions des lendemains.
Nous avons été confinés – voix passive et aucun complément. Brusquement. Même pour reprogrammer un de ces computers que nous touchons tout au long des journées il faut un spécialiste qui possède les codes. Nous pensons ne pas avoir les codes. Nous cherchons les experts.
Faisons confiance aux mots : nous sommes fixés à un lieu. Cela seul. Cela plein d'un réel que nous sommes libres d'apprivoiser, chaque jour un pas plus loin.
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