Mon lieu pour écrire est le train.
Du moins, le train en France: dans le shinkansen ce n'est pas possible car ce que font les autres passagers est étonnant à mes yeux, cet homme qui mange du riz tenu dans une feuille d'algue ou ce yaourt acheté avant de monter dans le wagon, sur lequel tout est noté en japonais et dont je dois deviner le parfum, investiguant à partir d'une couleur de police et prête à la surprise.
D'ordinaire, naturellement, je prends le train en France. J'y ai mon lieu idéal. Les voyageurs sont le plus souvent discrets, mais leur proximité fait jaillir aisément la connexion à l'autre nécessaire à l'écriture. Le lien est si dense que nous nous frôlons à chaque déplacement. Nous allons jusqu'à partager, un temps, le même air, et nos imaginaire en sont nécessairement affectés.
Où écrire pendant le confinement ? Je cherche le temps. Je cherche le lieu qui réduit les distances et qui nous réunit.
