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Photo du rédacteurElisabeth

Plus loin


Je ne connais que deux manières de se promener: avec un plan (une carte, un GPS ou tout autre système de repérage) ou sans.

J'adore le sans: le principe est simple, aller plus loin, et une fois arrivé plus loin, aller encore plus loin.


Dans cette forêt de pins odorants, je croise des indications mystérieuses: "la fontaine au loup", "le toboggan", rien que de possibles mystères sur lesquels brode l'imagination de tous ses fils d'enfance et de contes: aucun repère véritable. Venant souvent ici, je me perds à peu près aux mêmes endroits, me demandant si je suis toujours sur un chemin tant le sentier se fait maigre parfois. Je m'égare, mais je monte raide et il semble toujours y avoir, plus loin, un paysage dégagé, là-bas, derrière les arbres. Une fois passé ce tournant peut-être ?

Là-haut le ciel paraît découvert, dans tout son bleu d'été. Les cigales éclatent en chants électriques; contrairement aux apparences je ne suis pas seule au monde. D'autres bruits le confirment sur mon passage: rongeur furtif, couleuvre discrète. Peu d'oiseaux à cette heure d'après-midi.

Je monte sans cesse, il y a toujours un virage, un arbre derrière lequel le paysage a l'air intéressant. Le corps dit qu'il faudra s'arrêter, être raisonnable, accepter de redescendre, mais je n'ai pas encore vu ce qu'il y a tout en haut !

C'est vrai, je pourrais te laisser là et te dire, les yeux plissés dans l'expression mystérieuse de celle qui sait, "tu n'as qu'à aller voir toi aussi au bout du chemin" ou encore "ce qui est intéressant ce n'est pas ce qu'il y a après, c'est le chemin lui-même".

A d'autres !

La vérité est bien plus plate. Il y a seulement deux configurations sur terre: soit tu marches sur un continent, soit tu marches sur une île.

Sur un continent, au bout du sentier, aussi escarpé fût-il, tu trouveras une route. Probablement des voitures. Qui montent en deux-deux ce que tu as mis des heures à atteindre, éventuellement, mais peu importe. Tu le sais depuis l'enfance car tu as entendu l'histoire de Mowgli. Même sans savoir les raisons poignantes qui poussèrent Kipling à parcourir le monde, ton intuition te disait qu'il avait raison: après la jungle et la vie sauvage, il y a le village des hommes. C'est la règle.



Sur une île, au bout du chemin, tu trouveras l'océan.



Et cela n'empêche pas de repartir en sens inverse (sans repérage, on fait rarement une boucle), accompagné des cigales, respirant la chaleur des pins, ou traçant un passage parmi les fougères de la rainforest, avec un grand sourire. Parce que savoir ce qu'il y a plus loin sur ce chemin c'est le trésor qui bombe ta poitrine pendant tout le retour.

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