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  • Photo du rédacteurElisabeth

Un bureau à soi


Longtemps je me suis comparée à tous ces écrivains qui ont des lieux consacrés pour écrire: as-tu déjà regardé comment Victor Hugo aménagea son espace à Guernesey ? Comment Claude Simon dessinait des schémas pour ses romans en symbolisant les périodes par des couleurs, avant d'écrire, le regard pouvant à tout moment se poser sur la trame de la Route des Flandres par exemple ? Je ne doute pas qu'une de mes étoiles, Ella Maillart, ait eu elle aussi, malgré sa vie nomade, un bureau dans sa maison en montagne. Seul Albert Cossery, lorsqu'il quitta l'Egypte pour vivre à Saint-Germain-des-Prés, vivant à l'hôtel, se passa fièrement d'un bureau digne de ce nom. Mais Albert Cossery est un dandy qu'on ne peut imiter, même s'il rêvait que comme lui, un lecteur, un jour, après avoir lu un de ses romans magiques, arrêterait de travailler et choisirait de vivre en démuni.


Longtemps je me suis comparée et la comparaison est une de nos belles sources de souffrance.

Il n'y avait rien à envier mais seulement à chercher ce qui, à moi, me correspondait.

Car force est de constater que je ne peux pas écrire sur un bureau, que je ne peux pas avoir un lieu fixe pour prendre la plume, qu'il m'est totalement inutile de chercher quoi que ce soit dans ce sens et que cela m'a coûté par le passé une énergie gaspillée.


En revanche, j'ai besoin d'un objet que je peux déplacer ici ou là, au rythme des moments souvent brefs que je peux passer à écrire. D'un objet qui ait une histoire à me raconter, une odeur, une texture. Quoi de mieux que ce tissu, qui a été acheté au Sénégal à ma naissance, qui garde le parfum de l'indigo et dont le toucher est unique ?

Quoi de mieux qu'une toile, puisque le mot "bureau" vient de là, du tissu déplié sur le meuble, de la toile de bure ?

J'ai un bureau à moi depuis que j'ai compris qu'il ne m'était pas bon de chercher des solutions en regardant les autres, mais que j'avais besoin d'écouter la voix en moi, celle qui dit que je peux déplier mon tissu indigo partout, qu'il ne pèse rien, pas plus que mon carnet, et que ce bureau idéal me permet d'écrire sur l'eau, en promenade, dans un train, et de poser des mots inspirés sans qu'aucun meuble ne m'encombre.


Puissions-nous trouver souvent de telles solutions en centrant le regard sur ce qui est bon pour nous, tels que nous sommes à l'instant présent !

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